Une moto syrienne sur le chemin du retour
Rentrée de Syrie en 2011, la petite moto rouge décide de parcourir le chemin inverse – ou presque – en août 2015. Après avoir retraversé le Col du Grand-Saint-Bernard et fait escale à l’Expo Universelle de Milan, elle s’embarque sur un vaporetto en direction du Lido de Venise. Débarquée en Grèce, elle continue son voyage à travers la Turquie avant de débarquer à Tripolis. Elle se trouve actuellement à Beyrouth et espère pouvoir retourner, un jour, à Damas.
Diffusion
- Destination Beyrouth - De Sarah Chardonnens [s02e04] [émission TV] coDDoc [en ligne]. 2 octobre 2015.
Les autres projets
Parfum de jasmin dans la nuit syrienne
Octobre 2014. Bien que Daesh soit aux portes du Kurdistan irakien, je conduis toujours ma moto à Erbil, les cheveux au vent, comme un pied de nez ultime à la barbarie. La Syrie se meurt depuis plus de trois ans maintenant. A l’image de la majorité des affrontements au Moyen-Orient, les conflits s’enlisent, se politisent et se banalisent. Il y a quatre ans, j’achetais une petite moto rouge près de la ville syrienne de Ar-Raqqa, située aux abords de l’Euphrate, au nord-est du pays. Aujourd’hui, cette même ville est devenue la capitale de l’Etat Islamique autoproclamé. Après avoir assisté au délitement de la Syrie et à deux crises humanitaires sans précèdent au nord de l’Irak, ce récit est devenu bien plus qu’un simple voyage en moto de six mille kilomètres à travers la Syrie, la Turquie, la Grèce, l’Italie et la Suisse. C’est, avant tout, un récit de vie, l’aboutissement d’un véritable cheminement personnel et une formidable aventure humaine. Et aussi la promesse d’un prochain retour à Damas.
CHARDONNENS, Sarah, 2015. Parfum de jasmin dans la nuit syrienne. Vevey : éd. de L’Aire, 2015. ISBN : 978-2-9405-3747-1
Le monde est un village
« La vie est variable aussi bien que L’Euripe » disait Apollinaire. Il en va de même pour les villes, qui varient sans cesse d’un regard à un autre regard. A l’heure de la mondialisation et du tout-venant, ce tour du monde troque la consommation de masse contre l’impression subjective que l’on peut avoir d’une ville. Ce collectif ressemble plus à la palette bariolée d’un peintre qu’à un guide du routard. Une vingtaine d’auteurs couchent sur le papier la nudité pittoresque des grandes capitales mais aussi de villes plus modestes. Chaque auteur a son timbre, sa sensibilité, sa nuance. Du reste on se rend compte que finalement les villes ne flottent pas dans la chemise du monde. De Rio de Janeiro à Alger, ou de Beyrouth à New York, il n’y a qu’un pas pour l’imagination, un petit pas pour feuilleter notre monde pas plus grand qu’un village.
COLLECTIFS DE L’AIRE, 2016. Le monde est un village. Vevey : éd. de L’Aire, 2016. ISBN : 978-2-94-058643-1
On n'arrête pas un peuple qui danse : chroniques libanaises
En ce brûlant été 2015, je m’en retourne, sur ma petite moto syrienne, en direction des terres du Levant où je slalome, depuis trois ans, entre des communautés se jaugeant sans-cesse, se provoquant parfois, la plupart du temps se tolérant, dansant sous cette épée de Damoclès planant sur ce formidable petit pays contrasté qu’est le Liban. La survie laisse rapidement place à la sur-vie ; le désarroi à la résilience ; l’abandon à la résistance. Résister à l’instabilité régionale et aux déséquilibres intérieurs. Résister au sectarisme. Résister à l’intégrisme. Les plats traditionnels d’houmous, de fattouche, de taboulle, saujok, batata harra et autre meshawi se bousculent maintenant sur les tables. La salle se remplit de cette odeur de tabac parfumée qui s’élève des chichas colorées posées à même le sol. Les verres s’entrechoquent. Je pense à Rim- baud: «Les Fleuves m’ont laissé descendre où je voulais.» Ivre d’eau ou d’arak. Ivre de vie. Ivre d’espoir.
CHARDONNENS, Sarah, 2018. On n'arrête pas un peuple qui danse : chroniques libanaises. Vevey : éd. de L’Aire, 2018. ISBN : 978-2-9405-8690-5